Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes antiques.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
98
POÈMES ANTIQUES.


ÉPODE.


Ô vierge heureuse et bien aimée,
Ceinte des roses du printemps,
Qui, dans ta robe parfumée,
Apparus au matin des temps !
Ta voix est comme une harmonie ;
Les violettes d’Ionie
Fleurissent sous ton pied charmant.
Salut, ô Jeunesse féconde,
Dont les bras contiennent le monde
Dans un divin embrassement !


DÉMODOCE.


Bienheureuse l’austère et la rude jeunesse
Qui rend un culte chaste à l’antique vertu !
Mieux qu’un guerrier de fer et d’airain revêtu,
Le jeune homme au cœur pur marche dans la sagesse.
Le myrte efféminé n’orne point ses cheveux ;
Il n’a point effeuillé la rose Ionienne ;
Mais sa bouche est sincère et sa face est sereine,
Et la lance d’Arès charge son bras nerveux.
En de mâles travaux ainsi coule sa vie.
Si parfois l’étranger l’accueille à son foyer,
Il n’outragera point l’autel hospitalier
Et respecte le seuil où l’hôte le convie.
Puis les rapides ans inclinent sa fierté ;
Mais la vieillesse auguste ennoblit le visage !
Et qui vécut ainsi, peut mourir : il fut sage,
Et demeure en exemple à la postérité.