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POÈMES ANTIQUES.


HÉLÈNE.


Je rends grâces à ceux de qui je tiens la vie,
S’il faut qu’avec honneur je comble ton envie,
Jeune homme. Parle donc. La fille de Léda,
Et la reine de Sparte, ô pasteur de l’Ida,
Peut, de riches trésors emplissant ta nef vide,
Contenter les désirs de ta jeunesse avide.
Que réclame ton cœur ? Que demandent tes vœux !
Mes étalons, ployant sur leurs jarrets nerveux,
Nourris dans les vallons et les plaines fleuries,
À cette heure couverts de chaudes draperies,
Hennissent en repos. Ils sont à toi, prends-les !
Prends cet autel sacré, gardien de mon palais,
Et l’armure éclatante et le glaive homicide
Que Pallas a remis entre les mains d’Atride ;
Prends ! et vers l’heureux bord où s’ouvrirent tes yeux
Guide à travers les flots tes compagnons joyeux.


PÂRIS.


Noble Hélène, mon père, en sa demeure immense,
Possède assez de gloire et de magnificence ;
Assez d’or et d’argent, vain désir des mortels
Décorent de nos Dieux les éclatants autels.
Garde, fille de Zeus, tes richesses brillantes,
Et ce fer qui d’Atride arme les mains vaillantes,
Et cet autel d’airain à Pallas consacré.
Ce que je veux de toi, Reine, je le dirai,
Car le Destin commande, et je ne puis me taire :