Page:Leconte - Le Bouclier d’Arès, 1897.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les tenailles, dont les mâchoires recourbées
Bâillent, ressemblent à d’odieux scarabées,
Et miroitent à l’air d’un éclat singulier.
Ce tas d’airains luisants est l’atroce atelier
Où l’on forge l’horreur des souffrances hurlantes,
Où l’affreux patient, fou de tortures lentes,
Appelle le trépas qui vient, à pas tardifs,
Arracher l’âme au fond des corps écorchés vifs,
Comme du cœur lépreux d’une infâme blessure
Un fer tout dégouttant d’abjecte pourriture ;
Où s’exhale la vie en un rugissement.
De joie, où la douleur est un enfantement,
Où des corps dépecés que roidit l’agonie,
Des intestins fouillés, écaillés de sanie,
Et des nerfs écrasés sous les ongles vibrants,
S’évade, avec des cris d’angoisse déchirants,
La dernière lueur de ce qui fut un être.