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Règne ! et vois déchirer les corps des vierges nues
Aux ronces des buissons, aux griffes des nopals,
Et Shin-Akhé-Irib bordant tes avenues
De torturés râlant sur les croix et les pals.

Des races qui niaient et ton nom et ta force
Il a jusques au sol courbé le front têtu,
Tranché les rameaux verts et dépouillé l’écorce
Et rompu les troncs noirs, comme on rompt un fétu.
Il a pour te servir, ô Mère des épées,
Du profond Naharaï fouillé les nids d’aiglons,
Pourchassé les fuyards dans l’ombre des cépées,
Et cloué le blasphème à leurs lèvres coupées
De sa sandale aux durs talons.

Règne ! et contemple, ô Reine en ta puissance assise,
Tes temples par degrés envahissant les cieux,
Car Shin-Akhé-Irib en cimente l’assise
Avec le sang des Rois et la cendre des Dieux.

Effaçant la splendeur des mortelles étoiles,
Ta constellation resplendit au zénith.
Et les prophètes d’Our, en dépliant tes voiles,
Pâlissent de terreur, ô Nana-Zarpanit !
Comme, aux sables d’Aram, la dune qui s’écroule
Rejaillit, brume d’or dans la splendeur des soirs,
Au firmament des cieux qu’elle emplit de sa houle,
La poussière des nuits que ton pied divin foule
S’allume pour tes encensoirs.