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LA DOULEUR DE NOTRE SŒUR NOTRE OMBRE


 
Les ténèbres du soir sont l’obscure muraille
Que chaque nuit élève entre la vie et nous,
Derrière qui, fugace et sinistrement doux,
L’invisible se meut comme un spectre, et nous raille.

L’homme se trouble alors et n’ose pas savoir
Si cette Sœur muette a nos pas attachée,
Et que nous appelons notre ombre, s’est cachée
Pour nous laisser plus seuls dans le silence noir,

Ou si, reine sans yeux d’un aveugle royaume,
Elle ne trône pas au cœur de la forêt
Des songes, acceptant, de son geste distrait,
L’hommage sans regards de son peuple fantôme.