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LE SPECTRE


 
      Les tisseuses d’ombre, au ciel taciturne,
      Ont tramé de deuil les franges du soir.
Parmi l’inexpliqué de mon songe nocturne,
Tranquille et souriant, je suis venu m’asseoir.

      J’ai franchi sans peur des portes étranges
      Dont l’arche sonnait à mon pas connu.
Je viens ici t’offrir, prince des mauvais anges,
La rançon d’un pari que nul ne m’a tenu.

      La forêt se meurt, et, feuille par feuille,
      Comble les étangs des vents obsédés.
Hôte mystérieux du vivant qui t’accueille,
Mon destin, qui t’attend, a fait sonner ses dés.