La nef insidieuse a peuplé ses travées
De faces de médaille étrangement gravées,
Ainsi qu’au plus profond de nos songes défunts ;
Nous aspirons l’air chaud de nos vieilles pensées,
Et du tiède sommeil des urnes renversées
S’échappe la douleur ancienne des parfums.
Le dédale anxieux des voûtes sans issue
Se multiplie en la futaie inaperçue
Des piliers, et voici que des bras plus nombreux,
Tendus pour menacer nos veilleuses fidèles,
Font frissonner, ainsi que de brusques coups d’ailes,
La flamme vacillante et triste de nos yeux.
O Mains de l’inconnu qui frôlez nos détresses !
Mains effrayantes, Mains pâles, Mains charmeresses,
Vous qui tentez nos mains sans jamais les saisir,
Venez-vous, vous aussi, des profondeurs de l’être,
Ou bien nous faites-vous seulement apparaître,
Dans notre illusion, notre propre désir ?
Page:Leconte - La Tentation de l’homme, 1903.djvu/94
Cette page n’a pas encore été corrigée