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L’ŒUVRE HUMAINE


 
La cité monstrueuse et funèbre de l’Œuvre
Grandissait lentement dans les cieux envahis,
Où, par l’éclair nacré des écailles trahis,
Rampaient les anneaux de l’éternelle couleuvre.

Enracinant au sol ses terribles halliers,
La muette forêt des hautes colonnades
Surgissait, étendant toujours, par myriades,
Le taillis pullulant des fûts et des piliers.

La courbe immesurée et lointaine des dômes
S’élargissait jusqu’aux frontières de la nuit,
Et leur ligne, effrayant le regard qu’elle fuit,
Semblait s’évanouir en un vol de fantômes.