Et si, pour le vieillard courbé sur le sol nu,
La mort béante bâille avec des crocs qui saignent,
Au creux du puits tranquille et froid de l’inconnu,
Dans l’abîme d’où nul n’est jamais revenu,
Avec des mots qui nous enseignent,
Orgueil ! dernière foi qui ne nous peux faillir,
Chante ! et fais dans nos cœurs, comme une pourpre gerbe,
La colère au flot rouge et grondant tressaillir,
Et de tes buccins d’or en révolte jaillir
La malédiction superbe ;
Mure dans mon mépris calme et silencieux
Tout ce qui frappe encore et bat à grands coups d’aile
Les portes de lumière et d’azur de mes yeux,
Fais qu’en ma vision, aux prestiges des cieux
Close comme une citadelle,
Dans l’ombre intérieure et qui le voile encor,
Seul, le chœur tout puissant des forces, cadencées
Par l’immuable loi qui guide leur essor,
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