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Sors de l’armure dont t’aveuglaient les éclairs ;
Brise l’épée horrible où ta main s’ensanglante,
Et dépouille la panoplie étincelante
Forgée au même bronze où se forgeaient tes fers.

Je te donne, s’il faut que quelque jour tu venges
Le désastre fatal de ton rêve divin,
Le bouclier sur qui s’émousseront en vain
Et l’épieu des maudits et le glaive des anges.

Et sache, dans cette heure où j’arme enfin ton bras,
Que le sceptre de l’œuvre humaine est au plus digne ;
Les lettres de mon nom désormais sont le signe
Par lequel si tu veux être à moi, tu vaincras.

Sur ce roc que la nuit visionnaire ronge,
Monte sans crainte au trône ardent où je me sieds ;
Laisse, comme la mer, expirer à tes pieds
Les assauts monstrueux du doute et du mensonge,