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L’HÉRITAGE


 
Alors il me sembla que j’étais sur la tour
La plus haute de ma pensée intérieure,
Et qu’en mes yeux, fermés à la chûte de l’heure,
La froide éternité naissait avec le jour.

Solitudes que des solitudes prolongent,
Les cercles de la vie, à mes pieds étagés,
S’élargissaient jusqu’aux horizons où, rangés
Comme des dieux, les sphinx de la science songent.

Et là-bas, déformés par les lointains, pareils
Au débris colossal des cités que le sable
Des déserts engloutit dans sa marche inlassable,
Terribles et brûlés par la mort des soleils,