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Sa présence immanente éclairant tes pensées,
Tu marcheras, étant un de ceux de demain,
De ceux qui verront, sur les foules terrassées,
Grandir, comme une nuit que conduit une main,
Jusqu’aux cintres béants de ces salles célèbres
Où l’orgie humaine écume et bout,
Les ailes de bronze des ténèbres,
Et, dans leurs plis, la Mort, innombrable, debout.

Quand la terreur alors descendra de la voûte,
Où la fête en sueur tord son rut impuissant,
Ceux-là, dont l’ignorance obscène te pressent
Le porteur du secret de leur doute,
Malgré eux, devinant que l’ombre les écoute,
Se détourneront, pour laver leurs mains de sang.

Mais tu tairas en toi ta sagesse inutile :
Tu n’avertiras pas, de tes cinq doigts levés,
L’inquiète misère et le sourire hostile
Des maudits qui ne veulent pas être sauvés ;