Page:Leconte - La Tentation de l’homme, 1903.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Viens ! dans la fange humaine où fleurissent les roses
Écarlates de la guerre, où fume l’encens
De la mêlée, autour des murs incandescents,
Les grands chevaux rués, ouvrant leurs naseaux roses,
Flairent la fade odeur des cadavres récents.

Regarde ! sur les morts qui jonchent les terrasses,
Sur le hérissement des lances, empourpré
Par les reflets soudains d’un ciel d’éclairs zébré,
Sur les escaliers blancs qu’emplit l’ombre des races,
Ton étalon royal jette un défi cabré,

Cependant qu’apparus dans un vol de désastres,
Des cavaliers, debout sur les siècles détruits,
Proclamateurs armés des triomphales nuits,
Pour annoncer ton nom, lèvent vers l’or des astres
Des bouches de buccins rondes comme des puits.