Pourra de tes palais submerger les arceaux.
L’Empire est dans ta main. Maître ! voici ton heure !
Devant toi tes destins inclinent leurs faisceaux,
Entre ! la Ville est prise, et la brèche est béante.
Ton soir victorieux tombe, et, de rang et rang,
Embrase l’aigle d’or des étendards. Plus grand
Qu’hier, le soleil meurt, et la cité géante
Tremble comme une femme au pas du conquérant.
Le massacre en grondant roule comme un orage ;
Avec cent mille bras, l’incendie effaré
Tord ses cheveux de sang sur le pavé sacré,
Et les vainqueurs, lourds de haine, las de carnage,
S’engouffrent pesamment dans le temple éventré.
La gerbe de granit des colonnades croule
Sous ses entablements aux emblèmes haïs,
Et ta volonté, sur les remparts envahis,
S’abat, quand ta sandale aux clous étoiles foule
Les Protecteurs du seuil par leur force trahis.
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