Puisqu’il te faut un songe où s’exprime, voilée,
La vérité conçue, en toi renouvelée,
Ô faiseur d’Immortels, qui pourtant dois mourir !
Laisse, dans ta mémoire où la borne recule,
Hors de l’Illusion d’un divin crépuscule
L’Illusion d’une aube humaine refleurir.
Regarde ! Dans l’aurore à l’orient surgie,
L’espoir ressuscité mène la sainte orgie
Du verbe triomphant et de ses chœurs rivaux,
Et le rythme apparent des sidérales ondes,
Répété par l’écho de tes strophes profondes,
Appelle enfin la lyre à sacrer tes travaux.
La sens-tu tressaillir toute, et, pour lui répondre,
L’âme entière de l’Etre en son âme confondre
Et la vie éternelle et l’éternelle mort,
Cependant que palpite au loin l’immense ombrage,
Vers qui souffle en tempête ou s’exalte en orage
L’ode aux buccins de bronze ou l’hymne aux cordes d’or !
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