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Relève-toi ! Puisque ta libre intelligence
Voit que cet univers, qui se meut en silence
Dans le retour prévu des cycles renaissants,
Évolue à jamais et jamais ne s’achève,
Sache enfin le comprendre et l’abstraire du rêve
Dont la vie animait tes derniers Tout-Puissants.

Homme des temps, Démiurge ardent de l’invisible,
Qui, du fond du probable ou bien de l’impossible,
Évoquas tant de fois mon furieux essor,
La genèse dans ta pensée écume et gronde,
L’œuvre ancienne agonise en te léguant le Monde…
Ô sombre Créateur ! tu peux créer encor.

Puisque le firmament enfin conquis dépasse
Les sphères dont la courbe étonnait ton audace,
Puisque, vertigineux à ton pas enhardi,
Les problèmes creusés s’élargissent en gouffres,
Puisque le ciel des Dieux s’efface, et que tu souffres
De le croire inégal à l’esprit agrandi,