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Seul devant la nature et devant sa pensée,
Devant les mondes morts et les cieux à venir,
Et, sous la grande nuit d’astres ensemencée,
Prisonnier de ce tout qui ne peut pas finir ?
Seul dans l’immensité qui toujours renouvelle
Son effort sans limite et sans commencement,
Inconscient désert où rien ne se révèle
      Que les formes du mouvement ?

Certe, il regrettera ta sublime chimère,
La sainte volonté dont il cherchait les lois,
L’éternité promise à son être éphémère
Et le songe infini des voyants d’autrefois,
L’intelligence unique où son intelligence
Comme au foyer divin rêvait de s’abîmer,
L’espoir de ta justice et jusqu’à ton silence
      Qui permettait de blasphémer.

Peut-être, maudissant l’œuvre de son étude,
Sentira-t-il sur lui descendre, comme un deuil,
Voûte aux arches de glace et d’or, la solitude
Géante de sa gloire et de son libre orgueil,