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AU DIEU INCONNU


 
Nous qui ne verrons pas les vainqueurs revenir,
Ceints de palmes de flamme et de gloires ailées,
Et qui n’entendrons pas, sur nos tombes scellées,
Leurs quadriges, dans le soir triomphal, hennir ;

Qui n’admirerons pas, du fond des foules blêmes,
Quelles haines aux bras furieux tresseront
La couronne d’épine et de sang à leur front,
Qui ne connaîtrons pas nos Héritiers suprêmes,

Nous, courbés sur l’emblave où nous nous acharnons,
Fléchissant sous le faix de notre œuvre grossière,
Devanciers oubliés de qui l’humble poussière
Ignorera toujours leurs faces et leurs noms ;