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Si, dignes héritiers des antiques aïeux
Qui vainquirent la foudre et soumirent ta Terre,
Nous avons exploré l’orbe entier du mystère,
Et fait parler enfin le sphinx silencieux ;

Si vous ne nous laissez, Rois de l’ombre abolie,
Maîtres nimbés des feux du suprême savoir,
Plus rien à désirer et plus rien à vouloir,
Si tout est consommé de la tâche remplie,

Que nous sert-il de vivre et d’être désormais ?
Et puisque l’heure sonne où notre solitude
Se fige en immobile et blanche certitude,
Regardez en bas, et voyez de vos sommets,

Vous dont les torches d’or ne sont que de la cendre,
Dédaigneuse d’un ciel où l’infini muré
Ne répond plus à son rêve démesuré,
La vieille Humanité sur sa couche s’étendre,