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N’est plus qu’un haillon mort qu’emportera l’orage,
Et dont se vêtira, sur quelque étrange plage,
La détresse éblouie ou la honte sauvage
      Des mondes qui l’auront trouvé.

« Nos yeux ont vu plus loin que le ciel et la vie :
Des éléments captifs étreignant le faisceau,
L’Homme désormais règne, et la Terre asservie
Tressaille sous nos pas comme un pont de vaisseau.
En vain l’immensité tourne comme une roue,
Nous connaissons la route, et, penchés à la proue,
Nous guidons dans l’éther, que son sillage troue,
      L’astre qui fut notre berceau.

« Si nos aïeux, dompteurs de bœufs et de cavales,
Sentaient se rallumer pour nous leurs yeux éteints,
Ils pourraient admirer, dans nos nuits triomphales,
A l’heure où s’assemblaient leurs songes incertains.
Seuls quadriges qui soient dignes de nos arènes,