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Ou bien, dans l’agonie énorme des systèmes,
O derniers combattants des nefs de flamme et d’or !
Verrez-vous s’abaisser et fuir sous votre essor
L’envergure d’airain des ténèbres suprêmes ?

Verrez-vous, ô vainqueurs de l’ombre aux larges lacs !
S’éployant parmi la déroute des rafales,
Vos voilures de pourpre aux hunes triomphales
Couronner d’étendards l’orgueil de vos tillacs ?

Dans l’air où vibreront vos armures tendues,
N’apercevrez-vous pas, sous les cieux entr’ouverts,
Le fraternel essaim des nouveaux univers
Appareillant au vent sacré des étendues ?

Alors, derrière vous ne pourrez vous laisser
Ce tourbillon lacté, qui fut notre patrie,
Et qui semble, avec les sables noirs qu’il charrie,
Au fond du crépuscule infini s’effacer,