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Mais voici que, réaction nécessaire, le sollicitent d’irréductibles forces qui hantent quand même sa pensée, et qui, pour ne plus rien représenter d’extérieur, n’en existent pas moins, et raccompagnent comme son ombre. Et le regret lui vient de savoir qu’elles ne sont que des fantômes,

Et c’est la TENTATION DU MYSTÈRE.


Il se réfugie alors dans la conception d’une œuvre dont sa douleur et sa fierté légitimes seront la chair et le métal, à laquelle le Verbe souverain donnera la forme, et qui évoluera dans l’âme successive des générations. Et il se consolera dans cette illusion d’avoir créé un aspect nouveau du Monde, que sa vanité dérisoire pensera éternel,

Et c’est la TENTATION DE BEAUTÉ.


Ou bien l’inquiétude d’élargir les frontières de l’expérience le jettera dans les travaux qui pourront, au moins, lui asservir les forces de la Nature, sinon lui en faire pénétrer l’essence.