Page:Leconte - La Tentation de l’homme, 1903.djvu/176

Cette page n’a pas encore été corrigée


Et s’il a succombé sous un ciel ennemi,
Si les noirs soupiraux de l’abîme ont vomi
Sa cendre calcinée à la face des astres,
La Mémoire, inutile au deuil de tels désastres,
Ne saura pas vous dire, ô vivants d’aujourd’hui !
De quel suprême orgueil ses yeux mourants ont lui.

Seul, le Martyr est grand qu’un sort aveugle accable,
Et qui, les bras levés vers l’azur implacable,
Sachant que de son sang fécond devra germer
La semence à venir des hautes découvertes,
Se drape au flux vermeil de ses veines ouvertes,
Et, souffrant sans se plaindre, est mort sans blasphémer.

Mais, si sa volonté, par ses affres trahie,
Se sentit par le froid de l’angoisse envahie,
Ses fils pieux devront l’ignorer, et du moins,
S’il a faibli devant la révolte des choses,
Son sépulcre de feu n’a, sous ses voûtes closes,
Scellé qu’un désespoir digne de tels témoins.