Page:Leconte - La Tentation de l’homme, 1903.djvu/170

Cette page n’a pas encore été corrigée


En vain l’ouragan crie et la tempête vole :
La foudre est prisonnière et l’orage est dompté,
La stridente vapeur meut notre volonté,
Et le ductile éclair s’est fait noire parole.

Et, du cercle torride au double arc des glaciers,
Des continents massifs à la mer fugitive,
Notre Terre surprise a frissonné, captive
Aux mailles d’un réseau de cuivres et d’aciers.

C’est le premier moment de l’effort qui nous livre
La force aux mille pieds et la flamme aux cent yeux,
Et, si la mort enfin nous a repris nos Dieux,
Nous allons faire un Monde, et ce monde va vivre.

Les Eléments, sachant que le maître est venu,
Résignant dans nos mains leur liberté sauvage,
Protégeront, de leur volontaire esclavage,
Ce seuil d’où la science a chassé l’inconnu.