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CEUX QUI S’ENDORMENT

O Maître ! nous dormons sous l’aile des tempêtes
Que berce la ramure immense du savoir,
Le vent de l’infini, qui te parle ce soir,
A, sans nous éveiller, fait neiger sur nos têtes
Les fleurs de ta pensée et de ton désespoir.

Nous ne voulons plus rien de la vie et du monde ;
L’œuvre entière des temps sombre dans nos yeux clos :
Ainsi qu’un vain mirage absorbé par les flots,
A l’occident voilé de notre nuit profonde,
L’inutile soleil brise ses javelots.

Rien n’écartera plus le linceul volontaire
Que tisse sur nos corps la calme horreur des monts :