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AGIR ?


 
Certes, le rêve est grand de celui qui s’isole
Entre les murs massifs de son caveau d’airain,
Et, forgeron cyclopéen de la parole,
Bâtit dans sa pensée un monde souterrain,

Et dont l’orgueil jaloux, superbement timide,
Veut, loin du bruit sans nom des maux inexpiés,
Ignorer si son œuvre, inutile et splendide,
Rayonne sur la Terre ou se meurt à ses pieds.

Mais celui qui, dressé sur les foules sauvages,
Va leur clamer des mots qu’elles ne savent pas,
Et, comme un cap debout au rempart des rivages,
Entend mugir la mer des haines sous ses pas,