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LE SERVAGE


 
De quels pôles viens-tu, Souffle ! âme du Poème ?
Noir ouragan lyrique où la nuée essaime
      Par vols de strophes en fureur,
O sombre esprit de l’Ode, ô chevaucheur d’orages !
Dont l’ombre, épouvantant des océans sans plages
      Plane sur des eaux de terreur ?

Ma force a trop longtemps souffert l’âpre et superbe
Rébellion de ta folie ardente, ô Verbe !
      Trop longtemps je fus enivré
De ton fracas de bronze où des foudres s’écrasent,
Et du déroulement de triomphes qu’embrasent
      Les feux de ton courroux sacré.