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LA CATARACTE GLACÉE


 
Là-bas, dans la stupeur de la forêt arctique,
Entre deux murs, taillés en plein roc granitique
Des monts sombres creusés en défilés béants,
Gonflé du flux fangeux de sa dernière crue,
       Un énorme fleuve se rue
Vers le sépulcre ouvert des profonds océans.

Il semble qu’un déluge est en marche, et l’armée
Innombrable des flots roule, comme lamée
D’un étincellement d’écaillés jet de nuit ;
Et le désert sacré des étoiles écoute
       Crouler la hurlante déroute
De l’onde monstrueuse et qui brame, et qui fuit.