Je ne veux rien des Dieux qui sont morts et qui meurent,
Rien, sinon que leurs noms, éclatants ou brutaux,
Sur les parvis profonds du poème, demeurent,
Avec des formes d’or sur de blancs piédestaux ;
Rien, sinon l’immuable et hautaine ordonnance
Des portiques de marbre au fond, d’un bois sacré,
Et, sur le calme azur, la grave permanence
Du temple pacifique où mes pas ont erré.
Je ne veux rien savoir des momies dogmatiques
Egouttant sur nos fronts la poix de leurs flambeaux,,
Rien, sinon que la flamme aux ailes despotiques
A des reflets de pourpre et des plis de drapeaux,
Rien, sinon que, ployant sous l’effort qui les arque,
Des archanges maudits en gardent les créneaux,
Et qu’un voyant lauré s’est assis dans la barque
Qui fendit le flot noir des fleuves infernaux
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