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Et même de ceux-là mon accueil sait n’élire
Que les seuls mots sacrés dont mon songe à fait choix,
De qui l’âme s’accorde à l’âme de la lyre
Et les voix où le Verbe a fait passer sa voix,

Les nobles suppliants aux bras tendus qu’accable
L’opprobre des fardeaux ou l’horreur des liens,
Les passants de la foule inerte et lamentable,
En qui la Beauté sainte a reconnu les siens.

Car je ne veux, de l’Homme et de ses vains langages,
Rien, sinon qu’attentive au geste de ma main,
La théorie ardente et sombre des images
Se lève et m’accompagne et suive mon chemin,

Et déroulant sa marche et ses pompes, guidées
Par le sévère esprit de mon rêve mortel,
Fasse du peuple obscur et pâle des idées
Un seul chœur triomphal autour d’un seul autel.