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Sur leur agonie aux sursauts vertigineux,
Le granit des douleurs aux laves de la honte,
L’Homme sût que son libre orgueil a maçonné,
Dans l’ombre, cela dont sa chair a frissonné.

Tous ces noirs Inconnus qui traversent notre âme,

Il faudrait les courber sous des carcans de flamme,
Faire, dans l’immobile et servile repos,
Claquer leurs dents, crier leurs reins, craquer leurs os,
Pour qu’enchaînés vivants, par faisceaux tricéphales,
Aux clefs de voûte du silencieux éther,
Sous le faste étoilé des frises triomphales,
Leurs yeux fussent de bronze et leurs faces de fer.

Et nous pourrions, vêtus de tristesse splendide,
Seuls maîtres des palais par nos bras dépeuplés,
Seuls, mais enveloppés par la haine timide
Des captifs éblouis et des destins troublés,