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LE MUR


 
Le long d’une muraille aux pierres immobiles,
Tous, anxieux de vivre et joyeux de souffrir,
Nous traînons notre honte et nos espoirs débiles,
Entre l’horreur de naître et l’horreur de mourir.

Ce mur est là depuis si longtemps, et si sombre
Est le morne appareil de son bloc fruste et noir,
Que des siècles sans âge et des vivants sans nombre,
Fleuve stupide et lent, le côtoient sans le voir.

Or quelques-uns, roulés vers cette rive inerte,
Ont laissé de leur chair vive sur la paroi,
Et leur douleur, qui bat comme une plaie ouverte,
En ondes autour d’eux fait refluer l’effroi,