Page:Leconte - La Tentation de l’homme, 1903.djvu/102

Cette page n’a pas encore été corrigée


La horde intérieure, avec ses visions
Sacrilèges, est là. L’Ame est là, tout entière,
Les monstres aux cent bras et tout le bestiaire
Formidable et hideux des rauques passions.

Droits sur leurs bases par le carnage inondées,
Des simulacres d’or vierge et de bronze noir,
Indifférents et sourds, regardent sans le voir
Le duel anxieux de l’Homme et des idées.

Et, comme un dais de fer, écrasant l’horizon
De la superbe horreur de sa splendeur mauvaise,
Sur le massacre ardent qu’il couvre d’ombre, pèse
L’infranchissable cercle enfermant la Raison.

Cependant que, scandant des prières suprêmes,
D’idolâtres clameurs, hors des fanges du sol,
Montent, et, par instants, élargissant leur vol,
Balaient les deux avec le vent des anathèmes.