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CHARLES LECONTE


LA JEUNESSE DE LECONTE DE LISLE


AVANT-PROPOS



L’article qu’on va lire sur La Jeunesse de Leconte de Lisle n’est que le résumé d’un important mémoire composé en 1908 par l’un de nos plus distingués étudiants de la Faculté des Lettres, M. Charles Leconte, pour l’obtention du diplôme d’études supérieures qui est le premier degré de l’agrégation. Ce mémoire étant trop étendu pour être publié ici en entier, nous avons demandé à l’auteur d’en condenser les idées essentielles en quelques pages pour les lecteurs des Annales. Où s’intéresserait-on à la jeunesse de Leconte de Lisle et à ses débuts littéraires, sinon à Rennes et en Bretagne ? Notre excellent ami, M. Louis Tiercelin, en avait déjà dit quelque chose dans son très intéressant volume : Bretons de Lettres. Mais il y avait plus à faire : il y avait à pénétrer dans l’âme et dans la mentalité même de Leconte de Lisle aux environs de 1840.

Seulement il fallait pour cela pouvoir consulter La Variété, dont quelques rares exemplaires se trouvaient soigneusement gardés dans certaines bibliothèques privées. Comment en obtenir communication ? Les bibliophiles sont jaloux des trésors qu’ils possèdent, et, comme la fourmi, ils n’aiment pas à prêter. Puis il faut dire que les vieux Rennais d’il y a une vingtaine d’années avaient une défiance toute particulière, une sorte d’antipathie instinctive, irraisonnée, à l’égard des « étrangers » — comme on dit encore aujourd’hui à