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de résister à l’oppression, les fictions poétiques les plus propres à exciter notre pitié sont celles qui nous représentent des êtres sensibles enfermés dans des corps immobiles ; et les pleurs de Clorinde, sortant avec son sang du tronc d’un cyprès, devoient arrêter les coups de l’homme le plus farouche.

Mais indépendamment de la chaîne qui lie ces deux facultés, et du double appareil d’organes qu’elles exigent, elles entraînent encore à leur suite plusieurs modifications dans les facultés communes à tous les corps organisés ; et ces modifications, jointes aux deux facultés propres, sont ce qui constitue plus particulièrement la nature des animaux.

Par exemple, pour ce qui concerne la nutrition, les végétaux, qui sont attachés au sol, absorbent immédiatement par leurs racines les parties nutritives des fluides qui l’imbibent : ces racines, subdivisées à l’infini, pénètrent dans les moindres intervalles, et vont, pour ainsi dire, chercher au loin la nourriture de la plante à laquelle elles appartiennent ; leur action est tranquille, continue, et ne s’interrompt que lorsque la sécheresse les prive des sucs qui leur sont nécessaires.

Les animaux, au contraire, qui ne sont point fixés, et qui changent souvent de lieu, devoient pouvoir transporter avec eux la provision de sucs nécessaire à leur nutrition ; aussi ont-ils reçu une cavité intérieure dans laquelle ils placent les matières