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nécessairement beaucoup qui ont des parties communes, et il y en a toujours un certain nombre qui ne diffèrent que très-peu, en sorte qu’en plaçant les unes auprès des autres celles qui se ressemblent le plus, on peut en établir une espèce de suite qui paroîtra s’éloigner comme par degrés d’un type primitif. C’est sur ces considérations que reposent les idées que certains naturalistes se sont formées d’une échelle des êtres qui les rassembleroit tous en une série unique, commençant au plus parfait et finissant au plus simple, à celui qui seroit doué des propriétés les moins nombreuses et les plus communes, et telle, que l’esprit passeroit de l’un à l’autre sans presque appercevoir d’intervalle, et comme par nuances insensibles. En effet, en restant dans certaines limites, et sur-tout en considérant chaque organe isolément et en le suivant dans toutes les espèces d’une classe, on le voit se dégrader avec une uniformité singulière ; on l’apperçoit même encore en partie, et comme en vestige, dans des espèces où il n’est plus d’aucun usage, en sorte que la nature semble ne l’y avoir laissé que pour demeurer fidèle à la loi de ne point faire de saut. Mais d’une part les organes ne suivent pas tous le même ordre de dégradation : tel est à son plus haut degré de perfection dans une espèce, et tel autre l’est dans une espèce toute différente, de manière que si on vouloit ranger les espèces d’après chaque organe considéré en particulier, il y auroit autant de séries former