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évasion de catherine tekakwitha

La précaution n’était pas vaine. Voici qu’à un moment, une silhouette se dessine au loin dans l’épaisseur de la forêt : celle de l’oncle. Le beau-frère l’a reconnue. Vite, il décharge son arme et se jette hors du sentier, parmi les arbres et les broussailles, comme à la recherche du gibier qu’il a sans doute atteint.

Au coup de feu, Catherine s’est tout de suite enfoncée dans un épais taillis, pendant que le Huron, tirant son calumet et l’allumant, se couche au bord du sentier et délicieusement regarde monter vers le ciel les volutes bleuâtres de la fumée du petun.

Le vieux chef a dépassé le beau-frère qu’il n’a pas reconnu dans le chasseur cherchant sa proie. Il tombe maintenant sur le Huron qu’il ne connaît pas. Le voyant si parfaitement tranquille, si absorbé par la fumée de son calumet, il ne soupçonne rien. Et puis, la fatigue commence à se faire sentir à ses vieilles jambes ; les trois jeunes qu’il poursuit ont déjà sur lui, bien sûr, une forte avance ; pourra-t-il jamais les atteindre ?

Alors, découragé, morne, abattu, le vieux guerrier rebrousse chemin, et, lentement, regagne les bords de la Mohawk et de là remonte à son village de Kahnawaké.

Qui dira l’explosion de reconnaissance à Dieu de nos trois voyageurs ! La sensation de