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une persécution

C’est une coutume chez les sauvages que l’oncle reçoive de ses nièces tous les égards que l’on a pour un père, et même le nom de père. Catherine y était doublement tenue, et par son titre de nièce et par la conduite de l’oncle qui l’avait reçue dans sa cabane et lui avait réellement tenu lieu de père. Or il lui arriva, un jour, par mégarde, de désigner son oncle par son nom propre au lieu du nom de père. C’en fut assez pour la méchante femme qui l’espionnait. Elle découvrit, sous cette simple inadvertance, tout un monde d’iniquités : sûrement, se dit-elle, il y a entre la nièce et l’oncle des rapports déshonnêtes. Elle ne laissa rien paraître pour le moment, se réservant de tout découvrir au P. de Lamberville, à son retour de la chasse.

En effet, sitôt revenue au village, elle se rendit chez le missionnaire. Son récit était soigneusement préparé : elle le débita avec un entrain qui voulait emporter pièce.

— Voilà, dit-elle en terminant, la chrétienne que vous estimez tant, que vous croyez si vertueuse !

— Sur quoi vous appuyez-vous pour formuler une telle accusation ? répliqua tranquillement le P. de Lamberville.

La malheureuse dut avouer qu’il n’y avait que ce simple oubli du nom de père. Le missionnaire, connaissant bien la bassesse d’âme