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L’admirable néophyte, nullement émue par cette explosion de rage, se contenta de baisser la tête dans l’attente du coup fatal. À la vue de tant de sang froid et de courage, le jeune homme fut frappé de stupeur puis d’épouvante ; il bondit vers la porte et s’enfuit, dit le P. de Charlevoix, « comme s’il avait été poursuivi par un parti de guerriers ».

On le voit. Si le martyre manqua à Catherine Tekakwitha, elle ne manqua pas au martyre. On peut donc lui appliquer cette première sentence de l’oraison que l’Église, presque étonnée d’une si merveilleuse grâce, chante en l’honneur des saintes Vierges et Martyres : « Ô Dieu, qui, entre autres merveilles de votre puissance, avez accordé, même au sexe faible, la victoire du martyre… »

Et cependant une épreuve plus grande encore, plus intime et plus crucifiante, était réservée à la chaste jeune fille.

Elle avait suivi ses parents dans les bois pour la chasse du printemps. Une de ses tantes, « esprit double et dangereux, selon le P. Cholenec, et qui ne pouvait souffrir la vie régulière de sa nièce », résolut de la perdre de réputation auprès de son soutien et consolateur, le P. de Lamberville. Elle se mit à épier ses moindres actions, à scruter ses paroles les plus ingénues. Elle crut, un jour, avoir saisi la chance qu’elle guettait.