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une persécution

feignaient de l’être, raconte le P. Cholenec, lui lançaient des pierres, d’autres fois se jetaient sur elle comme pour la frapper. Si bien, que pour les éviter en se rendant à la chapelle, il lui fallait prendre des chemins détournés. Les enfants ne tardèrent pas à suivre ces beaux modèles : ils couraient après elle dans les rues du village, en criant : « Voilà la chrétienne ! » Le manège dura si longtemps, qu’on sembla avoir oublié son nom de Tekakwitha pour ne plus l’appeler que la Chrétienne.

Mais elle, attentive à profiter de tout, s’estimait heureuse, comme les Apôtres au sortir du Sanhédrin, de souffrir quelque chose pour ce beau nom, qui lui rappelait le Christ.

On ne sera peut-être pas surpris de voir l’oncle de Catherine négliger, en haine de la foi, ses devoirs les plus sacrés envers celle qu’il avait adoptée comme sa fille. Il alla même, d’après le P. Chauchetière, jusqu’à pousser un jeune homme du village à lui donner la mort si elle n’apostasiait. Était-ce une feinte seulement ? On ne sait. Toujours est-il qu’un jour où Catherine, assise sur sa natte, travaillait à quelque broderie, le jeune guerrier entra soudain dans la cabane, l’air furieux, brandissant une hache. « Chrétienne, lui cria-t-il en se précipitant vers elle, renonce à la foi ou je frappe ! »