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une persécution

Saint Paul le reprit à son compte, et, après avoir rappelé dans sa deuxième épître à Timothée, ses nombreuses persécutions à Antioche, à Icone et à Lystres, il posa en ces termes la grande loi de l’épreuve : « Aussi bien, tous ceux qui veulent vivre avec piété dans le Christ Jésus, auront à souffrir persécution » (iii, 12).

La solitude où se plaisait Kateri, son extrême réserve, notamment pour tout ce qui aurait pu porter atteinte à la plus délicate des vertus, finirent par agacer la jeunesse dissolue du village comme une leçon importune, un reproche secret. Une sourde opposition se fit d’abord sentir : des gestes, des paroles à double entente, des pièges même que l’on tendit à sa vertu.

Bientôt, les habitants de sa cabane, ses premiers admirateurs, se mirent de la partie. Ils lui reprochèrent les temps libres qu’elle consacrait à la prière, ses longues stations à la chapelle, et surtout, les dimanches et les fêtes, son abstention des travaux aux bois et aux champs. Comme ces plaintes n’obtenaient rien, ils passèrent aux mauvais traitements, aux mille tracasseries que peut suggérer une profonde aversion. Sans pitié pour sa faiblesse et ses infirmités, ils allèrent jusqu’à la priver de toute nourriture, les dimanches et les jours de fête, où elle refusait de les suivre ;