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C’était une terrible rebuffade pour les tantes, aggravée d’un cuisant affront pour leur hôte. Elles se dirent que la violence seule forcerait l’orpheline à l’obéissance. Ce fut alors une guerre de railleries, de menaces, de mauvais traitements. On l’accablait des plus rudes, des plus vils travaux. Ce n’était plus l’enfant de la famille, mais une esclave. On alla jusqu’à lui faire reproche du sang qui coulait en partie dans ses veines : le sang d’une Algonquine ! Et non point le sang très pur, sans mélange de la race iroquoise.

Elles durent convenir tout de même que le mélange n’avait en rien porté atteinte au caractère. Inflexible sur la question du mariage, maîtresse d’elle-même, Tekakwitha se plia à tout avec la même grâce, la même assiduité qu’auparavant. D’instinct, — instinct secrètement inspiré d’en-haut, — elle faisait ce que demande S. Paul : « Triompher du mal par le bien. » Elle voulut vaincre par sa douceur l’extrême violence qu’on lui faisait. C’était une gageure. Elle la gagna.

En effet, de guerre lasse, les tantes, ne comprenant toujours rien au goût bizarre, insensé, croyaient-elles, de leur nièce, mirent bas les armes. Il ne fut plus question de mariage.

Au reste, des événements se préparaient qui allaient avoir une répercussion profonde sur le village de Gandaouagué et ses habitants.