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au lieu d’un sourire entendu suivi d’un prompt acquiescement, elles la virent surprise elle-même d’abord, puis triste, puis alléguant sa jeunesse, son peu d’inclination. Tekakwitha ne voulut pas révéler du premier coup son aversion absolue, doublée de l’incoercible attrait d’un cœur qu’elle réservait à Dieu seul. Prudemment, elle préféra laisser au temps, le grand débrouilleur d’affaires, le soin de régler celle-ci.

D’un autre côté, les tantes de la jeune fille ne manquèrent pas d’habileté. Elles parurent goûter ses raisons et, à leur tour, permettre au temps de briser peu à peu cette résistance. Mais c’était pour mieux cacher leur jeu.

Le P. Cholenec nous donne ces curieux détails sur la manière de procéder au mariage chez les Iroquois. « Bien que ces infidèles, écrit-il, poussent le libertinage et la dissolution jusqu’à l’excès, néanmoins il n’y a point de nation qui garde si scrupuleusement en public les bienséances de la plus exacte pudeur : un jeune homme serait à jamais déshonoré, s’il s’arrêtait à converser publiquement avec une jeune fille. Quand il s’agit de mariage, c’est aux parents à traiter l’affaire, et il n’est pas permis aux parties intéressées de s’en mêler : il suffit même qu’on parle de marier un jeune Sauvage avec une jeune Indienne, pour qu’ils évitent avec soin de se voir et de se parler.