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ses premières années

Un oncle de Tekakwitha, ancien capitaine, très considéré dans le village, la recueillit sous son toit. L’intérêt est rarement absent du cœur de l’homme, d’un sauvage surtout. L’oncle n’avait pas d’enfant. Il calcula que l’orpheline lui serait vite utile.

Car il faut se rappeler que les femmes et les filles sont les plus grandes ressources d’une famille indienne. À elles toute la sollicitude des soins domestiques, les travaux les plus pénibles. La part de l’homme, c’est la guerre, la chasse ou la pêche. Le reste du temps il le passe à fumer, à causer avec les amis, à jouer, à manger et à dormir.

Même après une chasse fructueuse, il croirait déroger en rapportant le gibier qu’il a tué. De retour chez lui, il dit à sa femme : « J’ai tué. » Aussitôt, sans une plainte, elle se lève et, à la faveur des entailles que le chasseur a faites aux arbres, de ci, de là, dans l’épaisseur de la forêt, elle suit, avec une intelligence qui manque rarement son but, les traces de son homme. La proie découverte, elle la traîne après elle ou la charge sur ses épaules. Si elle est trop lourde, la femme la dépèce et n’en rapporte cette fois que ce qu’il faut pour le festin. Pendant ce temps, le chasseur étendu près du feu, insensible aux fatigues qu’il occasionne, savoure d’avance ce qui va gaver son estomac glouton.