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catherine tekakwitha

loin du bruit, loin des yeux, confinée aux travaux de l’intérieur. De là encore une pudeur presque ombrageuse, quasi innée en elle, mais croissant chaque jour et qui, en présence des mœurs dissolues de ses compagnes, devenait pour elle une insigne garantie de sa chasteté.

Aussi bénit-elle jusqu’à la fin de ses jours la bonne Providence, qui lui avait ménagé cette solitude pour lui parler plus sûrement au cœur. Nous verrons si elle sut en profiter.

Le nom de Tekakwitha lui fut donné, semble-t-il, vers ce temps-là. L’orthographe en a varié au cours des ans. Les premiers historiens, Cholenec et Chauchetière, écrivent Tegakouita, Charlevoix Tegahkouita, puis ce fut Tehgakwita, Tekakouita, et enfin Tekakwitha. Sa signification n’est pas moins indécise : l’ancien missionnaire de Caughnawaga, l’abbé Marcoux, l’interprète ainsi : « Celle qui met les choses en ordre ; » d’autre part, l’érudit Sulpicien indianisant, l’abbé Cuoq, lui donne ce sens : « Celle qui s’avance, qui meut quelque chose devant elle. » Comme une personne qui s’avance dans les ténèbres, les bras tendus en avant. Ce qui exprime bien la démarche hésitante de l’enfant, aux yeux si douloureusement affectés par la maladie.[1]

  1. Voir Ellen Walworth, The Life and Times of Kateri Tekakwitha, p. 36 et pp. 307, 308.