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la foule de satisfaire sa dévotion en contemplant la beauté de la défunte.

Les funérailles eurent lieu le Jeudi Saint. Jour de tristesse et jour de joie, remarquent les biographes. On perdait sans doute celle qu’on appelait plus que jamais « la bonne Catherine », et ce n’est pas sans un serrement du cœur que plusieurs se reprochaient de ne l’avoir pas assez estimée de son vivant. On est ainsi fait, sauvages et blancs : on n’apprécie bien que ce que l’on perd. D’autre part, son entrée au ciel leur assurait sa puissante protection : elle serait l’ange gardien de la mission.

De l’église on se transporta au pied de la grande croix du cimetière, située au bord du fleuve, où Catherine aimait tant à venir prier. C’est là que son corps allait d’abord reposer. Et à ce sujet, voici ce que nous rapporte le P. Cholenec :

« On raconte d’elle que quelque temps avant sa dernière maladie, elle faisait, avec d’autres femmes, une fosse au cimetière pour y enterrer un de ses petits-neveux décédé, et le discours étant venu à tomber sur ce rendez-vous général, où chacun avait sa place, on demanda à Catherine, en riant, où était la sienne :

— C’est là, dit-elle, en montrant du doigt un certain endroit.

« Après sa mort, le P. Chauchetière fit tout ce qu’il put pour me persuader de la faire