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dont je lui avais parlé par rencontre, d’aller amasser au bois un gros faisceau d’épines grosses et pointues, qu’elle apporta avec elle et qu’elle cacha dans la cabane.

« Le soir, tout le monde étant couché, elle parsema sa natte de ces épines ; elle se coucha dessus n’ayant que sa couverte sur le corps, et elle eut la force de se rouler toute la nuit sur ces épines. Elle en fit autant les trois nuits suivantes, avec des douleurs inimaginables, comme elle me l’avoua peu après.

« Aussi en resta-t-elle si défaite et si exténuée que son visage n’avait plus que la figure d’un mort. Nous attribuions ce changement à ses infirmités ordinaires, qui nous paraissaient augmenter visiblement de jour en jour, sans en connaître la véritable cause. Mais sa compagne (Marie-Thérèse), se doutant bien qu’il y avait quelque chose de caché là-dessous, la sut si bien tourner qu’elle lui confessa ce qu’il en était, et elle ajouta qu’elle avait la pensée de continuer jusqu’à la mort.

— Oui-dà, reprit sa compagne ; mais savez-vous bien que c’est offenser Dieu que de faire des sortes d’excès sans la permission de votre confesseur.

« Il ne fallut pas davantage à Catherine ; et l’ombre du péché fut capable de lui faire découvrir une si belle action, que, sans cette appréhension seule, elle aurait cachée toute sa