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deux dévotions spéciales

Nous devons d’autres détails au P. Cholenec. « On la voyait tous les jours, dit-il, passer des heures entières au pied des autels, immobile et comme transportée hors d’elle-même ; ses yeux expliquaient souvent les sentiments de son cœur par l’abondance des larmes qu’ils répandaient, et elle trouvait dans ces larmes de si grandes délices qu’elle était comme insensible au froid des plus rudes hivers. »

À propos de ce dernier trait, il ajoute dans son deuxième mémoire : « Depuis qu’elle eut la connaissance de ce grand sacrement (l’Eucharistie), elle lui resta si affectionnée qu’elle en fit ses délices jusqu’à la mort. Nous avons vu son assiduité à lui rendre ses devoirs, ses longues oraisons à l’église, sa ferveur dans ses communions, et cette abondance de larmes avec lesquelles elle répandait son cœur aux pieds des autels, les journées entières, même dans les froids les plus excessifs du Canada. Souvent j’étais contraint, lui voyant tout le corps gelé, de la faire sortir de l’église pour venir prendre l’aise du feu chez nous ; mais un moment après, elle m’échappait, me disant, avec un petit sourire, qu’elle n’avait pas froid, pour retourner où elle avait laissé son cœur. »

À ce souvenir, le P. Cholenec ne peut s’empêcher de faire une réflexion, aussi opportune de nos jours, sinon plus, qu’en ce temps-là :