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La première fois qu’elle assista aux exercices de la Semaine Sainte, notamment du Vendredi-Saint — nous l’avons raconté dans un chapitre antérieur — ce fut pour elle une révélation. Comme à la faveur d’une soudaine projection lumineuse, elle vit la grande Victime du Calvaire clouée sur la croix, et par son sang divin rachetant le monde ; elle vit et elle comprit jusque dans ses profondeurs le sublime mystère de la Rédemption. De ce jour, son cœur s’attacha avec force à Jésus crucifié.

Le P. Cholenec va nous résumer en quelques lignes les effets de cet amour de Jésus en croix. « Pour en avoir toujours la mémoire présente à son esprit, écrit-il, elle portait au col un petit crucifix que je lui avais donné, et elle le baisait incessamment avec de grands sentiments de reconnaissance pour un bienfait si signalé que celui de notre rédemption, et d’une tendre compassion pour Jésus souffrant. Elle a fait davantage, elle a voulu prendre part à ses souffrances : elle a porté sa croix après lui avec tous les saints, et ce divin Maître qui la conduisait intérieurement, lui ayant d’abord inspiré cette sainte haine de nous-même si recommandée par Jésus-Christ et si nécessaire au salut, elle a traité son corps, au Sault, avec tant de rigueur qu’il serait difficile de trouver ailleurs une si grande innocence avec une pénitence si austère ; elle l’a