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vœu de virginité

brasse, et plus le sacrifice est caché, intime, connu de Dieu seul, plus il le fait volontiers. »[1]

Une chose que ses biographes ont bien marquée, c’est que la jeune Tekakwitha, malgré sa vie vraiment austère, avait une sainteté des plus aimables, douce, enjouée, prévenante. On pourrait dire d’elle, en se reportant à la gracieuse comparaison du Sauveur, qu’elle cueillait pour elle-même les épines, afin de ne laisser au prochain que les roses.

On se souvient qu’elle eut pour première institutrice la bonne Anastasie. Elle lui demanda un jour, quelle était la chose la plus rude que l’on pût offrir en sacrifice à Notre-Seigneur pour lui prouver son amour.

— Ma fille, répondit l’ancienne, je ne vois rien au monde de plus horrible que le feu.

— Ni moi non plus, répliqua Catherine.

Elle n’en dit pas alors davantage. Mais le soir, quand tout le monde fut couché, elle passa un long espace de temps à se brûler les jambes avec un tison, comme on faisait aux esclaves chez les Iroquois : elle voulait par là se déclarer l’esclave de son Sauveur, à qui elle alla ensuite se présenter à la porte de l’église, au milieu des ténèbres, avec ses belles livrées de la croix.

  1. Sœur Bénigne-Consolata Ferrero. Vie abrégée, Lyon, 1920, pp. 83, 86, 91.